Examen des causes de la violence chez les jeunes (2008) : Sommaire
Perspectives à propos de la mise en œuvre
Comme nous l’avons mentionné plus haut dans notre rapport, nous pensons qu’un plan complet et coordonné est essentiel pour lutter contre les causes de la violence en raison de leur nombre, de leur complexité et de leur interdépendance.
À ce propos, nous avons établi un cadre de travail vaste et à volets multiples pour combattre les causes de la violence chez les jeunes. Néanmoins, nous savons que notre rapport est présenté à un moment où la province doit faire face à des défis économiques et s’attaquer à toutes sortes de priorités, et où elle ne dispose pas de toute la latitude nécessaire pour mettre en oeuvre un programme de réformes audacieux. Nous comprenons également que le gouvernement, de concert avec ses partenaires, sera le mieux placé pour déterminer le moment idéal où il pourra donner suite aux recommandations que nous présentons et l’ordre dans lequel il le fera.
Tout en étant conscients de ces contraintes, nous pensons également que le gouvernement doit réagir activement et donner suite à nos conseils. De manière générale, nous sommes d’avis que la province peut progresser considérablement dans la préparation de son plan intégré d’ici l’été prochain. Compte tenu de ces considérations et de nos entretiens avec les parties intéressées, voici comment nous jugeons que nos principales recommandations pourraient être mises en œuvre.
Recommandations à mettre en œuvre en priorité
Il y a trois domaines importants dans lesquels nous pensons que des progrès peuvent et devraient être réalisés indépendamment du processus de planification du gouvernement, en plus des premières mesures que nous espérons voir mises en oeuvre après la présentation du rapport au Comité ministériel de la réduction de la pauvreté, plus tard cette année. Par conséquent, nous présentons les trois autres recommandations suivantes au premier ministre pour qu’une action soit prise d’urgence dans les domaines ci-dessous :
- Santé mentale des enfants : Cette question touche bon nombre des aspects des causes de la violence : la stabilité des familles et la capacité des parents de travailler et de s’occuper de leurs enfants, la façon dont les jeunes se comportent avec leurs camarades, se comportent à l’école et interagissent avec le système judiciaire, et leurs chances de réussir dans la vie. Nous pensons qu’il faudrait retenir immédiatement une ou plusieurs associations spécialisées en santé mentale des jeunes afin d’établir un plan pour l’accès universel et communautaire aux services de santé mentale destinés aux enfants et aux jeunes dans les plus brefs délais. Ces associations devraient également préparer des plans pour tous les investissements intermédiaires réalisables en tenant compte du savoir-faire professionnel disponible en Ontario. Dans une province qui dispose d’un budget de 40 milliards de dollars pour la santé et d’un budget de 163 millions de dollars pour l’incarcération des jeunes, un montant de quelque 200 millions de dollars pour la prestation de services de santé mentale universels pour la jeunesse n’est pas exagéré dans le cadre du mandat du gouvernement.
- Lutte contre le racisme : Il est tragique – et non ironique – que Walter Pitman ait intitulé son rapport sur les relations entre les minorités et la police, Now Is Not Too Late, il y aura 30 ans en novembre prochain. Depuis, 30 groupes d’enfants de cinq ans et six ans sont entrés en 1re année; beaucoup de ces jeunes sont arrivés au bout de leur scolarité sans qu’aucun progrès n’ait été réalisé. Pour beaucoup, maintenant est trop tard – leur vie a été gâchée, leur futur, circonscrit, et leur confiance dans cette société, ébranlée à juste raison. Beaucoup de ces jeunes sont aujourd’hui les parents d’enfants dans le système et, si même ils en sont capables, ont peu de raisons d’instiller de l’espoir chez leurs enfants.
Afin de mettre en place des fondations nécessaires aux interventions considérables requises pour venir à bout de ce problème croissant, la province doit commencer immédiatement à créer la méthode de collecte de données fondées sur la race dans tous les domaines importants. De plus, pour que les mesures requises pour venir à bout des problèmes urgents liés aux relations entre la police et les minorités dans certains quartiers soient en place avant l’été 2009, les fonds provinciaux que nous proposons pour les comités de liaison jeunesse-police et les programmes de formation des agents de première ligne devront être versés le plus rapidement possible.
De plus, la province devrait agir immédiatement et faire en sorte que les membres du personnel enseignant et administratif soient plus représentatifs des populations desservies.
- Étapes vers la création de carrefours communautaires : Il y a un consensus écrasant en faveur de la construction de carrefours communautaires; par conséquent, il n’y a aucune raison de retarder les mesures à cet égard. Dans les quartiers où l’indice de marginalisation relative affichera clairement un niveau élevé de privation ou là où d’autres indicateurs l’ont déjà fait, la province devrait entamer sans attendre le dialogue avec les gouvernements municipaux, afin de planifier la création de carrefours communautaires là où il n’en existe pas et recenser les centres récréatifs et artistiques disponibles. En l’absence de telles installations et en attendant que de tels carrefours communautaires soient créés, la province devra, en collaboration avec la municipalité et la Société immobilière de l’Ontario, louer des locaux destinés aux jeunes et aux services pour les jeunes. Il ne doit pas se passer un hiver et un printemps de plus sans mettre à la disposition des jeunes des quartiers les plus défavorisés un lieu sûr où ils pourront se réunir et s’amuser.
Éléments de base temporaires
Outre les trois domaines dont nous venons de parler, à notre avis, les mesures que le gouvernement doit entreprendre dans l’immédiat portent sur la mise en place d’un certain nombre d’éléments de base sur lesquels reposera la réussite de nos conseils. Les mesures en question sont les suivantes :
- Établir un comité ministériel de l’inclusion sociale et de l’antiracisme, ou l’équivalent, et le conseil consultatif du premier ministre. Désigner le principal ministère responsable du renforcement des communautés et nommer le chef du secrétariat de l’inclusion sociale et de l’antiracisme.
- Recruter le personnel du secrétariat pour commencer le travail sur la coordination du plan d’action du gouvernement et sur le cadre stratégique pour la jeunesse et retenir les services de recherche chargés d’élaborer les objectifs en matière de résultats.
- Organiser des discussions ciblées sur l’indice de marginalisation relative dans le but de l’achever à temps pour présenter les données au début de 2009, afin de déterminer les points au sujet desquels on s’entretiendra avec les municipalités pour choisir et définir les quartiers les plus défavorisés nécessitant les mesures prioritaires décrites.
- Retenir une équipe ou plusieurs équipes possédant l’expérience requise pour établir un plan d’accès universel aux services de santé mentale pour les enfants, ainsi que des plans d’investissement immédiat dans des services, en particulier pour que les jeunes personnes prises en charge (soins et garde) qui nécessitent de tels services les obtiennent au plus vite.
- Commencer, en consultation avec la Commission ontarienne des droits de la personne, à élaborer une méthodologie provinciale visant la collecte et l’utilisation des statistiques fondées sur la race.
En ce qui concerne les deux premiers points, la province doit agir rapidement pour mettre en place les structures de gouvernance nécessaires. Dans le cas des autres recommandations, et compte tenu des résultats des discussions avec les gouvernements municipaux et les groupes communautaires, nous pensons que des progrès considérables pourraient être réalisés au cours des six prochains mois.
Initiatives à court et à moyen terme
Nous pensons que la province doit aussi progresser régulièrement en ce qui concerne les éléments suivants de notre stratégie et sommes conscients que plusieurs d’entre eux nécessiteront des consultations plus approfondies entre les ministères et les gouvernements municipaux, les organismes et les groupes communautaires.
- Superviser les efforts que les ministères déploient pour élaborer des plans d’action en tenant compte des instructions du comité ministériel et des conseils contenus dans le présent rapport et former des groupes de travail avec les communautés, organismes et spécialistes clés pour faire avancer ce travail.
- Établir le fonds pour les comités de liaison communautaire jeunesse-police et les programmes de formation à court terme sur la lutte contre le racisme.
- S’assurer que la planification prioritaire d’un corps enseignant représentatif dans les quartiers défavorisés est en cours.
- Établir le cadre stratégique pour la jeunesse, avec autant d’objectifs en matière de résultats que possible dans les délais fixés.
- Lancer un processus d’évaluation des besoins en matière de centres récréatifs, culturels et autres en collaboration avec les municipalités dans les quartiers qu’on estime être hautement défavorisés lors de la mise en oeuvre de l’indice de la marginalisation relative.
- Dans les régions identifiées comme étant défavorisées, où les jeunes manquent de lieux pour se réunir, s’amuser ou créer, chercher à louer des locaux, auprès de la Société immobilière de l’Ontario entre autres, où ils pourront le faire en attendant que commence la planification des centres récréatifs et artistiques et des carrefours communautaires.
- Établir le conseil de financement des organismes dirigés par des jeunes et des organismes encourageant la participation des habitants afin que certains de ces organismes puissent être mis en place pendant l’été 2009.
- Entamer les discussions avec les organismes communautaires sur les moyens de simplifier et de stabiliser leur financement, en faisant participer, au besoin, les gouvernements municipaux et d’autres bailleurs de fonds.
Vers une mise en œuvre complète
Si le travail de mise en place des éléments de base et d’autres initiatives va bon train, nous croyons que les autres éléments importants de notre stratégie, qui sont énoncés ci-dessous, se mettront en place aussi. Bien que le rythme de la mise en oeuvre et le temps que cela nécessitera dépendront des ressources disponibles et des consultations qui devront être entreprises avec les partenaires, on pourra s’appliquer à travailler à la réalisation de ces objectifs au cours de la première année.
- Nommer le conseil consultatif de justice pour la jeunesse.
- Commencer les négociations afin de permettre aux responsables des installations d’utiliser les écoles comme carrefours communautaires dans les quartiers qui seront désignés comme étant défavorisés.
- Rechercher une université ou un collège qui abritera l’institut d’excellence par l’évaluation des programmes.
- Mettre au point les plans de mise en oeuvre des ministères et établir les ententes sur les services publics aux fins d’approbation.
- Au fur et à mesure que les quartiers défavorisés sont officiellement désignés comme tels, déterminer avec les municipalités les domaines nécessitant une collaboration et établir avec les quartiers des partenariats stratégiques ou travailler en tenant compte des structures équivalentes.
- Verser les premières subventions aux organismes dirigés par des jeunes et aux organismes encourageant la participation des habitants dans les quartiers désignés comme étant défavorisés.
- Terminer et publier le plan d’action du gouvernement.
Comme nous l’avons noté, des efforts constants et alignés les uns sur les autres devront être entrepris à long terme pour lutter contre les causes de la violence identifiées dans le présent rapport. Le plan du gouvernement fournira les détails de la méthode qu’il compte adopter pour mener à bien ces efforts. Quelle que soit l’approche choisie, nous croyons que le gouvernement se doit de continuer de mobiliser et de faire participer le public à cette entreprise en publiant régulièrement des rapports hautement accessibles au sujet des progrès réalisés en tenant compte des résultats visés et des indicateurs intermédiaires dans tous les domaines clés.
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